Ca y est, je suis dans l’avion. Je ne sens pas d’excitation, ni d’appréhension, ni de relâchement particuliers. Je n’arrive pas à me dire « ça y est, j’me casse ». Mon cerveau est un peu comme un ordinateur qui a tourné plusieurs heures aux limites de sa capacité: quand tu l’arrêtes, il reste encore chaud et le ventilateur tourne plein régime… C’est l’état dans lequel je suis.
J’ai préparé mon départ depuis le mois de novembre mais les choses se sont intensifiées en décembre, avec les multiples affaires à gérer, les choses à ne pas oublier, la poisse, les dead lines qui approchent, les fêtes de fin d’année (avec leurs lots de foie gras, de champagne mais aussi de complication des démarches). Jusque là, je m’en remettais au poker, avec un relatif succès. Mais le jour du départ, les choses ont pris une sale tournure…
Histoire d’un black sunday
Mon vol est à 13h40, la limite d’enregistrement des bagages est à 12h40. Je n’ai qu’un seul sac de 7 kilos à mettre en soute, ma famille est à 20 minutes en bagnole de l’aéroport… Bref, dans ma tête, tout est pépère. On part de la maison vers 11h45 et à 12h, on est à l’entrée de Roissy CDG. Vous vous dites « c’est bon, ça le fait easy», hein? C’est ce que je pensais jusqu’à ce que je vois les bouchons de furieux aux abords de l’aéroport. Au début, tu te dis « ça va, on a 40 minutes devant nous, ça passe! Y’a quand même pas 40 minutes de bouchons là, non ?! ».
Non, juste 35… Enfin, c’est ce qui est affiché sur le panneau… Et on les connait, les panneaux parisiens qui t’affichent toujours 30 minutes de bouchons après 2h…
Ayant travaillé dans le coin pendant 4 ans, j’indique à mon cousin (et chauffeur pour l’occasion) un chemin raccourci. On squizze le gros de la foule mais arrivés à l’entrée du terminal 2, impossible d’esquiver les embouteillages. Nos yeux font des allers-retours entre la route, où la situation ne se décante pas, et l’horloge, qui affiche alors 12h10.
Vers 12h25, on arrive enfin au T2E, on décharge mes affaires, on se dit au-revoir et je cours vers les comptoirs Air France (ou plutôt la première borne libre service que je chope). Tout se passe bien, je suis enregistrée et mon sac aussi! Vous pensez que je peux souffler? hahaha… Malheureux! Les emmerdes ne sont pas finies.
Devant le poste frontière, une file d’attente interminable… « Tous les gens que vous voyez là sont en retards » indique un agent de l’aéroport. 13h10, je suis proche du guichet mais je n’ai toujours pas passé cette étape. L’heure limite d’embarquement est à 13h20 du coup la tension monte d’un cran. Je me rassure en me disant que je suis enregistrée, ils peuvent pas partir sans moi.

Can’t leeaaaaaaaaaave if leaving is without yoOoouuuu
Leave/Live, bref, vous aurez capté.
Je passe enfin la Police aux Frontières, en me demandant pourquoi les agents derrière les guichets ne disent jamais bonjour, jamais au-revoir et ne sourient jamais. Après cette réflexion cruciale pour l’avenir de l’humanité, je me remets en mode stress et j’entame mon premier sprint pour rejoindre le contrôle rayon X des bagages. Avec d’autres passagers, nous sommes passés en urgence car nous étions des « codes écarlates »… tin tin tiiiiin (musique de suspense) mais ça n’empêche pas cette étape d’être reloue puisque tu dois tout vider. Ton manteau là, tes clés ici, tes chaussures là-bas, ta bouteille dans la poubelle, et bien sûr, tous tes appareils électroniques bien en évidence (soit tout le contenu de ton sac. Ca valait la peine de s’embêter à faire un tétris pour caser tout ça…).
Bref, après cette étape, re-sprint de l’infini dans la zone d’embarquement/duty-free. Comme par hasard, dans ces moments, ta porte d’embarquement c’est toujours celle qui est tout au fond, au loin… Arrivée devant le comptoir, tu lâches un espèce de bonjour bestial à la Rocky BALBOA, à la limite de vomir tes poumons. L’hôtesse te dit en souriant « c’est bon, maintenant vous pouvez y aller en marchant ».
La porte de l’aéronef est en visu à une vingtaine de mètres. Les stewards, qui t’ont entendu arriver depuis un moment avec tes inspirations/expirations dignes de celles d’une bête de caverne, taquinent gentiment en mode « courage, dis toi que t’as fait ton sport de l’année et que t’as 11h pour reprendre ton souffle ».
Enfin, je peux me poser. Mon Ipod récent (parce que j’ai aussi un vieil Ipod en back-up) m’a lâchée 1h plus tôt mais je suis trop fatiguée pour faire le deuil ou m’offusquer de la robustesse limitée des appareils de technologies récentes*. Au décollage, je suis également trop fatiguée pour réagir aux secousses (le genre de petites secousses qui te font dire « ça va, si on tombe à cette hauteur, je peux survivre » ou alors « bon, là, c’est pas le moment de se crasher »)
*non mais sérieusement, plus on avance en technologie et plus les appareils sont faibles! Un rien les fait planter, ils tiennent peu la charge, et tombent en panne par magie au bout de 6 mois-1 an d’utilisation. Alors que ton vieil appareil qui a fait 1000 chutes, qui a appris à nager dans l’évier, le TOUT sans coque ni protection, bah il est là quoi… Moche, mais là.
La vidéo d’instruction de sécurité est plutôt originale, joviale, pétillante… façon comédie musicale.
Mais d’un autre côté, tu te dis « ok, si l’avion tombe je fais quoi, un pas de bourré? ».
Il est 14h30, j’ai la gorge sèche et une dalle de fou. Etant tout au fond de l’appareil, j’ai été servie en dernier, vers 15h30 je dirais. Le steward m’annonce qu’il ne reste que le plat Japonais… Là, bien que le mec ne fait que faire son travail, t’as envie de l’enchaîner en disant « ok, vous m’avez sucé toute mon énergie avec vos conneries à l’aéroport, ça fait 2 heures que j’attends de boire et manger, j’ai le ventre creux et la bouche desséchée, et concrètement, vous m’annoncez que je vais devoir me contenter de tofu et d’algues? »
Mais bon, tu ne lui réponds rien parce que c’est pas sa faute. Tu acceptes, l’air offusqué, puis tu manges tout de chez tout, même le beurre.
Le reste du vol s’est déroulé plutôt tranquilou. J’ai maté Aladin en Japonais, plutôt pas mal comme adaptation. Je dirais que les 11h sont passées vite mais j’ai jamais eu autant faim sur un vol. J’ai englouti le petit déjeuner comme si j’avais jeûné 4 jours, en me disant que je sauterais sur le premier ramen une fois arrivée à Tokyo.

Enfin 🙂
D’ailleurs, en parlant « d’arrivée à Tokyo » je vous invite à lire l’article à paraître qui raconte cette première journée tokyoite que je peux d’ores et déjà intituler emmerdes.gouv.fr (je ne sais pas quel sera le titre mais ça donne le ton).
Mata ne (“à plus” en japonais)
2 thoughts on “Tokyo here I come [part 1]: le départ”