1er jour à Tokyo, j’ai cru que j’allais me tirer une balle. L’avantage, c’est que je ne suis pas en terre totalement inconnue étant donné je suis déjà venue 2 fois en 2013. En plus, j’ai une meilleure connaissance de la langue donc je suis moins larguée qu’à mes débuts. Mais malgré tout, cette première journée dans la capitale nipponne n’avait rien de fleurie, croyez-moi.
Alors certes, en lisant ce qui va suivre, vous vous direz peut-être « ah, c’est tout? elle est au Japon et elle chiale pour ça? »… Mais quand t’as 15 jours de galères avant le départ, que le départ lui-même se passe mal, bah tu mises tout sur l’arrivée pour enfin être tranquille… Sauf que NON, ça ne le fait pas non plus.
Une fois que tu passes les formalités aéroportuaires et que tu récupères ton sac, tu te dis ça y est, je suis dans la place. Je suis comme Brandy, « on top of the world ». T’as déjà tout plannifié dans ta tête, tu sais déjà ce que tu vas faire et dans quel ordre. Tu marches en Kanye West dans l’aéroport, style “t’inquiètes, je connais”. Tu te diriges vers le premier distributeur que tu vois, pour retirer le cash nécessaire à ta survie et là, gros vent… : le distributeur te rend ta mastercard et te délivre un ticket sur lequel il est indiqué que tu ne peux pas retirer.
Euh… pardon? Ok stop, on arrête tout, elle est où la caméra? C’est quoi cette blague?
Je n’ai que 1000 yen sur moi (environ 7.5 €) et rejoindre Tokyo coute a minima 1400 yen. Et vu comment les Japonais sont à cheval sur les règles, je ne me vois ni frauder ni devoir expliquer à l’agent de transport que j’ai pas une thune sur moi. Le gars va me répondre dans le plus beau des keigo* “aaaah bah sumimasen** ma p’tite dame, mais tu vas faire un petit tour au poste là, tu t’expliqueras avec eux, bisous ». J’ai pas envie d’être réexpédiée en France alors que je suis là depuis 1h…
* Keigo : language du respect
** Sumimasen : a plusieurs significations mais ici, c’est “désolé”
Bref, je retente au moins 10000 fois, dans tous les distributeurs que je croise à l’aéroport mais l’échec est le même. Plutôt que de l’argent, je finis avec une liasse de tickets qui comportent tous la mention « gros vent, poulette». Plan B, j’utilise ma carte American Express, dans l’espoir qu’elle me sauve. Sauf que voilà, cette carte je ne l’utilise jamais en retrait et très peu en paiement du coup, pas moyen de me souvenir du code. Je tente 3 fois: 3 échecs…
Je cours vers le premier banc que je vois, sors mon ordinateur pour me connecter au web et notamment, vérifier mes comptes et recueillir les coordonnées de ma banque. Et là, en lançant Google Chrome, j’ai un joli message d’erreur qui m’indique concrètement d’aller me faire voir.
Idem sur Safari et Firefox. Etant déjà venue, avec le même ordinateur en 2013, je ne comprends pas pourquoi je me fais jeter. Ah si, j’ai upgradé, je suis sous OSX Mavericks maintenant*
*non mais sérieusement, quand je disais que plus t’avances en technologie, plus ça part en vrille :-/
Bref, pas de possibilité de retrait, pas de possibilité de me connecter au web, il ne me reste plus qu’une solution : appeler le numéro affiché sur chaque carte. Je commence par l’American Express vu que c’est un numéro en 01 (sur la Mastercard, c’est un numéro en 08… et appeler un 08 depuis le Japon, ça ne m’enchante que moyennement). Je tombe sur un serveur vocal qui parle au ralenti ; j’imagine déjà comment Bouygues Telecom va se faire plaisir sur ma prochaine facture. Bref, je tombe sur un conseiller qui m’explique “qu’il y a une option bla bla bla bla bla bla bla mais voilà Madame, je ne peux rien faire, appelez plus tard, à l’ouverture à 8h ». Juste au passage, il est 10h30 à Narita, 2h30 à Paris.
« Je ne peux rien faire », LA réponse que je supporte pas. Je tente une énième fois avec ma mastercard et j’arrive à sortir 10000 Y (soit 75 euros environ) ce qui me permet de payer mon transport.
Je reste néanmoins quelques instants à l’aéroport, à réfléchir comment faire pour la suite. A ce moment, le code de ma carte amex me revient! Je tente encore une fois mais nOooOoOon, carte “non valide”!!! Pourtant je suis sûre de moi cette fois… Je sens déjà que ces vacances vont être fun (ironie, des fois que vous n’auriez pas remarqué).
Sur les coups de 12h, j’arrive à l’endroit où je dois crécher. J’ai déjà préparé mon speech pour expliquer au gars que je suis en galère, que je vais tout faire pour régler la situation rapidement, que je suis prête à lui laisser tout l’argent que j’ai ainsi que mon passeport en signe de bonne foi. Point positif, le mec qui fait l’accueil des touristes m’a reconnue* du coup il m’a laissée m’installer. Pour la partie financière, il m’a dit qu’il fallait que j’envoie un mail au proprio pour lui demander quoi faire.
*J’étais venue au même endroit, la toute première fois en 2013
A part que… impossible de se connecter en wifi. Que ce soit depuis mon ordi ou mon vieil Ipod, pas moyen d’accéder au web. « Bon bah ça promet! », je me dis… Je retourne voir Shoichiro (le gars de l’accueil et accessoirement le gérant du Transistor Bar qui partage le même bâtiment). On communique tant bien que mal et il fini par me demander de noter sur un papier ce que je veux dire au proprio pour qu’il puisse prendre mon message en photo pour le lui envoyer (je crois qu’il voulait pas me filer directement son numéro). Il me dit ensuite de patienter jusqu’au soir…
J’ai le seum. J’ai le sommeil aussi. Je me retiens de dormir, d’une part parce que j’attends l’ouverture des banques françaises et d’autre part, parce que je suis mal à l’aise (je crèche gratuitement pour l’instant). Même s’il y a peu de chances que ça arrive, je redoute l’instant où 2 yakuza en costume-lunettes-gants en cuir vont venir m’attraper et nous jeter dehors mes sacs et moi, comme Jazz dans le Prince de Bel Air.
Je refais une tentative de connexion mais en vain. Ce qui me rassure, c’est que sur l’ordinateur qui est à disposition des voyageurs, la connexion ne marche pas non plus. Mais bon, ça va être bien pratique de préparer la suite du voyage ou les démarches administratives sans moyen de se connecter.
Pour tuer le temps, je me dirige vers le supermarket pour acheter de quoi manger. Je n’ai que 1000 yen, le reste de l’argent devant servir de caution pour ma chambre, au cas où. Je fais mes courses en calculant bien le tout mais surprise, à la caisse on me demande 1142 yen. Je rentre en décomposition quand je réalise que les prix affichés étaient hors taxe. Je demande si je peux payer avec ma mastercard… Oui je peux, et le paiement passe, alléluia!!!
Malgré tout, j’avais pas d’appétit. T’es seule, tu connais personne, tu ne peux pas trouver de l’aide en ligne, tu ne peux pas aller dans un cyber café (vu que t’as pas d’argent), tu ne peux pas te déplacer non plus (vu que t’as pas d’argent)… Ah si, tu peux marcher c’est encore gratuit. J’envoie un sms de détresse à ma pote pour qu’elle me file quelques infos de base. J’apprends notamment qu’il est possible de se connecter en wi-fi gratuitement sur les quai de la Yamanote.
Je me dirige donc vers la station Shibuya, qui est à 20 minutes à pied de là où je crèche. La nuit est déjà tombée, j’ai un peu froid. Tu sais que la mélancolie s’empare de toi quand t’en viens à te dire « je veux rentrer ». Dans la tête j’ai la chanson de Michael Jackson « Stranger in Moscow » ce qui me fait déprimer un peu. Je lâche un « how does it feel… when you’re alone and you’re cooooold insiiiiiide» en imitant MJ, ce qui me fait sourire un peu.
Sur le chemin, je passe un conbini (supérette) avec un distributeur de billets. Je tente de nouveau un retrait avec mon amex et Oooooh miracle, ça marche 🙂 ! Je ne serais pas à la rue, youhouuu!!
Sur les quais de la Yamanote à Shibuya, je teste la connexion: pas de soucis sur mon ipod mais même problème qu’à l’aéroport sur l’ordinateur. Je lâche l’affaire, je rentre à demi-saoulée mais moins triste qu’il y a quelques heures car avec l’aide de ma pote j’ai pu obtenir des infos importantes et j’ai des sous pour survivre au moins un mois (en considérant que je ne fais que manger et dormir: pas de sorties, pas de loisir, rien).
Anyway, to be continued…
Mata ne
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